Une entreprise à missions pour des diplômés en quête de sens – Juin 2018

Les entreprises soucieuses de leur seule rentabilité sont regardées de travers par les jeunes générations préoccupées par les inégalités sociales et le réchauffement climatique. La réforme de l’objet social de l’entreprise répondra-t-elle à leurs attentes ? Publié sur : Le Monde

Fini le profit à tout prix ? A la demande du ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire, l’ex-responsable de la CFDT, Nicole Notat, et le patron de Michelin, Jean-Dominique Senard, ont établi, dans le cadre de la loi Pacte (Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises), un rapport qui redéfinit le rôle de l’entreprise.

Le texte intitulé « L’entreprise, objet d’intérêt collectif » et remis le 9 mars à Bercy préconise ni plus ni moins que de réécrire le code civil pour pousser les sociétés à intégrer des enjeux sociaux et environnementaux dans la définition de leur objet social. Quelques entreprises pionnières avaient déjà pris les devants en inscrivant cette nouvelle mission dans leurs statuts. Un atout pour recruter de jeunes talents soucieux d’avoir un impact sur la société.

Selon Blanche Segrestin, professeure à l’Ecole des mines-ParisTech, « jusqu’à présent, seul l’intérêt des actionnaires était protégé par le code civil. Or, la responsabilité des dirigeants n’est pas uniquement de maximiser leur profit. Cette exigence de rentabilité immédiate se répercute sur la capacité des entreprises d’investir sur le long terme et les fragilise ». Au-delà de leurs ambitions économiques, les conseils d’administration et de surveillance devront formuler la raison d’être de l’entreprise, soit le fil conducteur des activités, et préciser les sujets sur lesquels ils veulent s’investir.

Retrouver la confiance

Le rapport offre la possibilité aux plus vertueuses d’entre elles de devenir des entreprises à missions, comme il en fleurit déjà aux Etats-Unis, à condition d’inscrire cette raison d’être dans leurs statuts, de l’avoir fait voter par les deux tiers des actionnaires, de se doter d’un comité des parties prenantes (ONG, salariés, clients, fournisseurs…) et de faire attester par un tiers le respect des engagements.

Pour les abonnés, la suite de l’article se trouve ici.