Pour l’enseignant-chercheur Kevin Levillain, l’émergence de nouvelles formes juridiques de sociétés participe « d’un vaste mouvement de réinterrogation des savoirs et des pratiques concernant l’entreprise et sa gouvernance ».
La gouvernance de l’entreprise : voilà un sujet abondamment traité par la littérature scientifique. Théoriciens et praticiens n’ont pourtant pas su anticiper le fleurissement de nouvelles formes juridiques en Europe et en Amérique du Nord questionnant les fondamentaux des modèles usuels de cette gouvernance. Comment comprendre l’émergence de ces modèles ? Quelle est leur portée ? Remettent-ils en cause les paysages juridiques tels qu’ils sont dessinés ? Autant de questions soulevées dans Les Entreprises à mission, un essai de Kevin Levillain.
Aux Etats-Unis, pas moins de quatre nouvelles formes juridiques de société ont été adoptées entre 2007 et 2013. L’Europe a également vu fleurir depuis 1995 une demi-douzaine de propositions, de la société à finalité sociale belge aux community Internet companies du Royaume-Uni. « Un tel changement du droit des sociétés est pourtant un événement habituellement rare dans la plupart des législations », rappelle l’enseignant-chercheur à Mines ParisTech-PSL Research University.
Quelques années après le début de la crise financière de 2008, l’émergence de ces nouvelles formes n’est pas un événement isolé, mais l’aspect d’une « phénoménologie foisonnante ». En France, le Mouvement des entrepreneurs sociaux (Mouves) multiplie les initiatives prônant la généralisation d’une forme dite « sociale ».
Création collective de valeurs
De nombreux praticiens défendent de nouveaux concepts pour l’organisation de la création collective de valeur. D’autres acteurs diffusent des formes innovantes pour soutenir la finance sociale ou le microcrédit. Les gouvernements eux-mêmes se saisissent de la question. En témoignent, en France, les débats autour de la loi du 31 juillet 2014 relative à l’économie sociale et solidaire.
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