Gouverner l’entreprise autrement – Janvier 2018

Pour l’enseignant-chercheur Kevin Levillain, l’émergence de nouvelles formes juridiques de sociétés participe « d’un vaste mouvement de réinterrogation des savoirs et des pratiques concernant l’entreprise et sa gouvernance ».

La gouvernance de l’entreprise : voilà un sujet ­abon­damment traité par la littérature scientifique. Théoriciens et praticiens n’ont pourtant pas su anticiper le fleurissement de nouvelles formes ­juridiques en Europe et en Amérique du Nord questionnant les fondamentaux des modèles usuels de cette gouvernance. Comment comprendre l’émergence de ces modèles ? Quelle est leur portée ? Remettent-ils en cause les paysages juridiques tels qu’ils sont dessinés ? Autant de questions sou­levées dans Les Entreprises à mission, un essai de Kevin Levillain.

Aux Etats-Unis, pas moins de quatre nouvelles formes juridiques de société ont été adoptées entre 2007 et 2013. L’Europe a également vu fleurir depuis 1995 une demi-douzaine de propositions, de la société à finalité sociale belge aux community Internet companies du Royaume-Uni. « Un tel changement du droit des sociétés est pourtant un événement habituellement rare dans la plupart des législations », rappelle l’enseignant-chercheur à Mines ParisTech-PSL Research University.

Quelques années après le début de la crise financière de 2008, l’émergence de ces nouvelles formes n’est pas un événement isolé, mais l’aspect d’une « phénomé­nologie foisonnante ». En France, le Mouvement des entrepreneurs sociaux (Mouves) multiplie les initiatives prônant la généralisation d’une forme dite « sociale ».

Création collective de valeurs

De nombreux praticiens défendent de nouveaux concepts pour l’organisation de la création col­lective de valeur. D’autres acteurs ­diffusent des formes innovantes pour soutenir la finance sociale ou le microcrédit. Les gouvernements eux-mêmes se saisissent de la question. En témoignent, en France, les débats autour de la loi du 31 juillet 2014 relative à l’éco­nomie sociale et solidaire.

Pour les abonnés, la suite de l’article se trouve ici.